Le château Peleș a été construit par le premier roi de Roumanie, Charles Ier entre 1875 et 1914 pour lui servir de résidence d’été, investie de fonctions politiques, culturelles et symboliques. La pierre de fondation a été mise dans un cadre festif le 10 août 1875.
Après 1914, le château de Peleş continue d’exercer sa fonction de représentation et de muse. Jusqu’en 1947, il a été utilisé pour les visites officielles ou pour accueillir des cérémonies militaires.
Jusqu’à l’abdication du roi Mihai, en décembre 1947, l’événement le plus important organisé à Sinaïa et accueilli par le château Peleş à été la célébration du demi-centenaire du château, organisée en 1933 par le roi Charles II.
À partir de 1953, le château est devenu musée national tandis que les autres bâtiments situés sur le domaine Peleş, les châteaux Pelişor (la résidence privée du deuxième couple royal, Ferdinand I et Marie), et Foişor (l’ancien pavillon de chasse du premier roi de Roumanie et résidence des rois Charles II et Michel Ier) ont devenu des maisons de création et de repos pour les écrivains, les musicologues et les artistes agréés par le régime communiste.
Deux décennies plus tard, en 1975, l’état de conservation de plus en plus critique du bâtiment détermina sa fermeture et l’évacuation d’une partie importante du patrimoine muséal dans des entrepôts amenagés à cet effet.
Jusqu’en 1989, année de la chute du régime communiste en Roumanie, parallèlement aux travaux de restauration, le château a accueilli de visites de chefs d’État.
En 2007, après le négociations entre l’État roumain et la Maison Royale,a été conclu un accord par lequel le Château Peleş, le Château Pelişor, ainsi que l’ensemble du domaine de Peleş composé des anciennes dépendances royales, sont restitués à la propriété du roi Michel Ier mais restent dans l’administration l’État roumain.
Projet, période de construction, fabricants, matériaux: L’élaboration des plans initiaux du château Peleş a été confiée à l’architecte Wilhelm von Doderer (1825-1900), professeur à la Technische Hochschule de Vienne. Doderer a soumis au souverain trois propositions de projets architecturaux, inspirés de l’architecture des châteaux de la Renaissance française du Vallée de la Loire, ainsi que du style des immeubles viennois de la Ringstrasse.
Les projets sont rejetés par Charles Ier en 1876 et la direction des travaux est confiée à l’architecte allemand Johannes Schultz, qui élabore les plans du château dans sa première phase de construction (1879 – 1883). Le bâtiment à deux étages aux allures d’un chalet suisse proposé par Schultz a été décoré à l’extérieur dans le style allemand Fachwerk.
En 1890, à l’emplacement de la terrasse couverte de l’aile sud, a été construite la Salle maure, selon des projets de l’architecte français Émile André Lecomte du Noüy, disciple de la célèbre architecte française Violet Le Duc.
En 1894, l’architecte tchèque Karel Liman (1860 ? – 1928) a été nommé pour diriger les travaux. Sous sa coordination, entre 1895 et 1897, ont été aménagés la chapelle de la reine Elizabeth au premier étage, les appartements des princesses de Wied et Hohenzollern du côté nord et la mezzanine.
En 1897 a été construite la centrale électrique.
Entre les années 1903 – 1906, Liman conçoit la Galerie de Marbre, la Salle de Concert, la Petite Salle de Musique et la Salle de bain de la Reine, et aménage les pièces du 2ème niveau: la chambre de Mme Mavrogheni, la grande dame du Palais. et les appartements d’hôtes dans l’aile nord du château.
Entre 1906-1914, sont entrepris des travaux pour aménager les terrasses extérieures. En 1906, a été érigée la tour centrale du château où, un an plus tard a été installée l’horloge à trois cadrans, une création de la fabrique d’horloges de la Cour royale de Bavière, Johann Mannhardt. En même temps, l’ancienne Sale de Musique, la Salle florentine et la Salle des colonnes et la Salle à manger royale sont agrandies. Au premier étage, dans l’aile nord, est construit l’appartement du Premier Ministre.
Entre les années 1905 – 1906 est conçu le vaste Appartement Impérial, composé d’un
Grand salon, d’un petit salon, d’une chambre à coucher, d’un boudoir, d’une salle de bains et de la chambre du valet, ainsi que l’appartement des héritiers, Ferdinand et Maria.
En 1906 furent apportées des modifications à la salle du théâtre au rez-de-chaussée.
Entre 1908 et 1911, la construction dela Grande Salle d’Armes, ainsi que la décoration de la Salle Florentine, furent finalisées, selon les plans des architectes Karel Liman et Ferdinand de Tiersch, ce dernier étant le conseiller du roi Louis II de Bavière.
Entre 1907 et 1911, à l’emplacement de la deuxième cour intérieure, est construite la principale salle de réception du château, le Salon d’honneur. Le Salon d’honneur est décoré dans le style de la Renaissance allemande, avec de subtils accents baroques, par Bernhard Ludwig de Vienne, qui collabore étroitement avec l’architecte Liman. La source d’inspiration de la salle est la Salle Fredenhagen du palais de la Chambre de Commerce de Lübeck. Parallèlement, au rez-de-chaussée, dans le prolongement de la Salle mauresque, sont construites la Salle des échecs et la Salle de billard.
Enfin, entre les années 1911-1914 est aménagée la terrasse avec les bustes des empereurs romains, et sur l’aile sud-est, est conçue la Nouvelle Salle d’audiences. La mort du roi Charles Ier, le 27 septembre 1914, marque la fin du vaste projet architectural coordonné par le souverain.
Fournisseurs d’objets d’art : Parmi les principaux fournisseurs, pour la première étape de construction, on cite la maison Heymann à Hambourg et l’atelier dirigé par August Bembé à Cologne-Mayence. Parmi ceux qui travaillèrent constamment à la décoration et à la livraison d’objets d’art décoratifs pour le château, de 1883 à 1914, ont été l’architecte et décorateur viennois Joseph Dollitschek, Anton Pössenbacher de Munich, créateur de décors et de meubles et L. Bernheimer, de la même ville, fournisseur de décorations d’intérieur, meubles et tapis d’Orient. Habie&Polako, de Vienne, ont été les fournisseurs de tapis de Smyrne, et les ateliers F.X.Zettler de Munich, fabricants de vitraux. Ils ont été travaillés par quarante artistes et techniciens pendant trois ans, d’après les croquis en couleurs exécutés par les professeurs E. Widmann et Julius Juers. L’autre auteur des vitraux du château Peleş était A. Zwölfer, propriétaire d’un célèbre atelier viennois ayant une succursale à Bucarest.
Les collections d’art décoratif furent constituées par quelques maisons occidentales célèbres de l’époque : Odiot, de Paris, Eduard Wollenweber, de Munich, et Paul Telge, de Berlin, créateurs et fournisseurs de produits d’orfèvrerie. Ils furent rejoints par Josef Resch, une célèbre bijouterie parisienne, et J.A Eysser, un célèbre fabricant de meubles de Nuremberg.